Quand l'innovation booste la valorisation des e-déchets

Home » Future » Quand l’innovation booste la valorisation des e-déchets

De tous les déchets, les e-déchets issus des équipements électriques et électroniques en fin de vie (téléphones, télévisions, ordinateurs…) sont ceux dont le volume connaît la croissance la plus rapide dans le monde. Selon les Nations Unies, il augmentera de 33% d’ici 2017, pour atteindre 65,4 millions de tonnes. Or, seuls 15% à 20% de ces déchets sont aujourd’hui recyclés. Mais la donne pourrait changer. Partout dans le monde, les innovations et les dépôts de brevets se multiplient pour développer leur recyclage et leur valorisation.

Les déchets d’équipements électriques et électroniques renferment un ensemble complexe de matières hautement dangereuses et de métaux nobles. On retrouve ainsi du cadmium, du mercure, du plomb, des polychlorobiphényles (PCB), des matières plastiques dont le polychlorure de vinyle (PVC). Mais ces e-déchets renferment également du cuivre, de l’étain, du cobalt, de l’argent, de l’or, du platine… Qu’elle soit vertueuse pour l’environnement et/ou économiquement rentable, la récupération des uns et des autres suscite un intérêt croissant : selon un rapport de l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), le nombre de brevets déposés dans ce domaine connaît une forte croissance depuis 1990.

Parmi les déposants les plus prolifiques, figurent les grands noms japonais de l’électronique grand public. Un signe qui démontre la valeur croissante acquise ces dernières années par les e-déchets en raison de la source d’approvisionnement parallèle en métaux qu’ils représentent. C’est notamment le cas pour les métaux des terres rares (nanthane, néodyme, praséodyme…) utilisés dans les lecteurs de DVD, écrans phosphorescents, haut-parleurs et autres disques durs pour lesquels l’OMPI observe une recrudescence des brevets. Une raison simple l’explique : l’extraction de ces précieux métaux étant à 90% chinoise et leur exportation étant très réglementée, les grands fabricants d’électronique américains, japonais et européens redoublent d’inventivité pour les trouver ailleurs.

Pour autant, les brevets ne se limitent pas à l’invention de nouveaux procédés pour extraire l’ « or » des e-déchets. Les innovations portent aussi sur la collecte des produits, leur démantèlement, le tri des matériaux, ou la capacité à leur offrir une seconde vie… Une entreprise américaine, par exemple, a mis au point un automate qui récupère les téléphones, tablettes tactiles et autres lecteurs MP3. Après avoir collecté des informations sur le produit, l’automate propose un prix d’achat à son propriétaire. Si ce dernier accepte l’offre, il lui suffit de le déposer et de récupérer son argent en espèces, sur le modèle des objets consignés.

En Italie, une équipe d’universitaires a conçu une machine mobile de recyclage pour permettre à des petits recycleurs d’extraire les métaux précieux des e-déchets qui finissaient jusqu’ici à la poubelle. Au Togo, un projet de recherche primé en février au dernier Salon Netexplo parmi les 10 innovations numériques mondiales les plus prometteuses est un modèle d’économie circulaire : il vise à utiliser des déchets électroniques pour fabriquer des imprimantes 3D à 100 dollars afin de permettre le développement de FabLabs sur le continent africain.

Dernier exemple : Rainforest Connexion. Egalement primée à Netexplo, cette innovation associe recyclage et la protection de la nature. Des smartphones en fin de vie connectés à un capteur solaire et placés en haut des arbres, détectent en 5 minutes, via leur micro, tout abattage illégal dans un rayon d’un kilomètre. Testé à Sumatra, ce système d’alerte sera déployé en Indonésie, Amazonie et Afrique afin d’y sauvegarder les forêts les plus menacées.

Ces innovations contribuent in fine à industrialiser toute une filière de recyclage et de valorisation jusqu’ici majoritairement assurée par le secteur informel dans les pays d’Asie où sont encore exportés 80% des e-déchets non recyclés.

eMag SUEZ environnement

شارك: