Grâce au numérique et à la miniaturisation des composants électroniques, les appareils auditifs sont devenus des concentrés de technologie. De plus en plus petits et discrets — certains n’excèdent pas la taille d’une phalange ! —, ils sont équipés de microprocesseurs toujours plus sophistiqués et performants. “Leur capacité de calcul dépasse aujourd’hui celle nécessaire au lancement de la première fusée Apollo”, assure Eric Van Belleghem, directeur marketing chez Starkey. L’apparition ces derniers mois sur le marché d’audioprothèses “nouvelle génération”, ultraconnectées, pourrait bien décider les plus réticents à s’équiper. Mais comment choisir devant la multitude d’appareils proposés ?
Contours d’oreilles traditionnels (ou BTE), aides intra-auriculaires (ITE), moulées sur mesure et placées directement dans le conduit auditif, mini-contours à écouteurs déportés (RIC), dotés d’un petit boîtier relié à une oreillette par un tuyau souple transparent… “On dénombre en France plus de 600 modèles, indique le Dr Jean-Marc Juvanon, porte-parole de la Société française des ORL. Il est donc impératif de s’en remettre aux conseils d’un audioprothésiste.” Pour cause : même s’ils sont souvent aussi bien adaptés aux surdités légères qu’aux sévères, certains types d’aides ne conviennent toutefois pas à tout le monde. “Dans le choix d’une prothèse, il faut à la fois prendre en compte l’ampleur et le type de gêne mais aussi l’usage, les habitudes, l’anatomie et la dextérité de chacun car les appareils qui se mettent dans le conduit réclament par exemple plus d’entretien”,précise Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf). Voici le top 5 des derrières innovations destinées à nous mettre la puce à l’oreille.
Une aide auditive invisible
Au pays du tout petit, les prothèses intra-auriculaires sont reines. Placées dans le creux de l’oreille, on ne les devine que de profil et de près, mais Phonak est allé encore plus loin : Lyric, sa prothèse de 12 mm jetable et analogique est la seule aide non implantée à être complètement invisible (voir photo ci-contre). Positionnée plus en profondeur dans le conduit, elle utilise le pavillon de l’oreille comme filtre naturel et se porte 24h/24h pendant deux à trois mois. Au terme de ce délai, elle doit être remplacée par l’audioprothésiste. Avec un coût moyen de 1500 € par oreille… et par an, elle est toutefois loin d’être à la portée de toutes les bourses. De plus, elle est exclue en cas de diabète et de surdité sévère.
Une écoute plus fine en milieu bruyant
Anti-larsen, réducteurs de vents, “débruiteurs”, micros à direction adaptative… L’aide auditive ne se contente plus d’amplifier le son capté : elle le trie, le retravaille voire s’adapte automatiquement aux situations sonores afin d’améliorer la compréhension en milieu bruyant (rue, restaurant…). Du côté des fabricants, la guerre des algorithmes fait rage. Chacun vante sa dernière technologie : Siemens, avec son système Speech focus qui se focalise sur la voix et permet de converser en voiture avec un passager situé à côté ou à l’arrière ; Phonak, avec sa solution Auto Sens OScapable de choisir l’un de ses sept programmes après examen automatique de 200 critères acoustiques… Petite révolution pour ceux qui n’entendent plus du tout certains aigus ou graves, la transition ou compression fréquentielle est désormais disponible sur les milieux de gamme. Son rôle ? Transposer les fréquences inaudibles en fréquences médiums, encore perceptibles.
Des aides Bluetooth
Grâce à une myriade d’accessoires Bluetooth développés par les fabricants, connecter sans fil ses aides auditives à sa TV, sa chaîne hi-fi, son ordinateur ou son smartphone n’est plus une utopie depuis quelque temps. Seul bémol, il fallait jusqu’ici recourir à une interface : une sorte de boîtier-télécommande à porter toujours sur soi. Mais l’émergence des technologies sans fil Bluetooth 4.0 et 2.4 Ghz, moins gourmandes en énergie, a changé la donne. Deux modèles “nouvelle génération” permettent aujourd’hui de recevoir directement dans les oreilles le son de son iPhone, son iPad ou son iPod Touch : Halo (Starkey) et ReSound LiNX (GN Resound ; voir photo ci-contre). Des super-kits mains libres arrivés sur le marché il y a quelques mois qui pourraient concourir à démocratiser la prothèse auditive et en faire un jour, pourquoi pas, un “objet de consommation courante”, se plaît à imaginer le Dr Jean-Marc Juvanon.
Piloter et géolocaliser ses prothèses depuis un smartphone
Exit les boîtiers à porter autour du cou et autres télécommandes parfois stigmatisantes… Désormais, il est possible de piloter en toute discrétion ses prothèses auditives via son smartphone : baisser le volume ou sélectionner un programme en fonction de l’environnement sonore avec l’application TouchControlApp (IOS et Android) fonctionnant avec les aides Siemens équipées de la technologie de Binax ; ajuster, en plus, plusieurs paramètres et géomarquer ses réglages grâce aux applications TruLink (iOS et, depuis peu, Android – voir illustration ci-dessus) et ReSound Control (iOS et Android), respectivement attachées au modèle Halo (Starkey) et ReSound LiNX (GN ReSound). Grâce à cette dernière possibilité, l’aide auditive propose automatiquement de basculer sur le programme mémorisé dès qu’un lieu est reconnu. Pratique pour qui a l’habitude de fréquenter un même café, amphithéâtre ou restaurant d’entreprise… Enfin, cerise sur le gâteau, Halo et ReSound LiNX sont géolocalisables en cas de perte. Dans les derniers mètres de la recherche, une petite jauge indique même lorsque l’on “chauffe” ou que l’on “refroidit”.
Étanche et rechargeable
D’énormes progrès ont également été réalisés en matière de résistance à l’eau. L’Allemand Siemens est toutefois le seul à revendiquer un modèle totalement étanche, capable de résister une heure sous un mètre d’eau (Aquaris). Susceptible de séduire les adeptes de la natation et les sportifs en général (dont la transpiration risque d’altérer la prothèse), l’argument pourrait aussi faire écho chez les travailleurs de plein air. Le fabricant est également le seul à proposer, sur certains modèles seulement, des batteries rechargeables. A la fin de la journée, il suffit de déposer telles quelles ses aides auditives dans leur coffret de rangement (voir photo ci-dessus) qui sert aussi de chargeur et de les récupérer 8 heures plus tard. L’autonomie de ces batteries n’étant en revanche que de 15 à 20 heures au maximum (selon la taille des aides), il est possible de les remplacer par des piles classiques en cas d’urgence.
Sciences et Avenir