Un poisson pas comme les autres : il a le sang chaud

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Un poisson pas comme les autres : il a le sang chaud

C’est bien connu, les oiseaux et les mammifères sont les seuls à avoir le sang chaud. Un grand poisson-lune orangé, adepte des eaux profondes, bouscule la compartimentation établie.

La catégorie des animaux à sang chaud vient de s’élargir, et le nouvel arrivant est… le Lampris royal ou Opah (Lampris guttatus). Il est le premier poisson entièrement endotherme – comprenez qu’il génère sa chaleur corporelle– connu à ce jour. Plusieurs familles parmi lesquelles celle des marlins (Istiophoridae et Xiphiidae), du Grand requin blanc (Lamnidae) et des thons (Scombridae) comptent des endothermes mais ceux-ci ne produisent de la chaleur que localement, dans leurs muscles pour la plupart, tandis que leurs organes internes refroidissent en même temps que les eaux dans lesquelles ils évoluent. Un désavantage pour aller pêcher dans les profondeurs…

Nager dans les eaux froides

Sous l’action du froid, le cœur des poissons bat de plus en plus faiblement. Leurs muscles fonctionnent moins efficacement. Impossible alors, pour la plupart des poissons, de séjourner trop longtemps dans les eaux froides. Il leur faut impérativement remonter à la surface et se réchauffer. Les endothermes partiels ne font que repousser leur départ vers les eaux chaudes de surface car eux aussi devront regagner quelques degrés quand leur cœur sera devenu trop glacé. Le Lampris royal, quant à lui, évite tous ces désagréments. Sa température corporelle, supérieure de 5°C en moyenne à la température de son milieu, lui permet d’évoluer sans peine entre 50 et 400 mètres de profondeur. L’endothermie lui apporte plus encore que cette économie de trajets : digestion plus efficace, meilleures capacités musculaires,  circulation des influx nerveux plus rapides…

Éviter les pertes d’énergie

Mais si l’Opah est capable d’endothermie, c’est qu’il a réussi à remédier à la perte de chaleur considérable qui se fait au niveau des branchies chez les autres poissons. Les branchies sont en effet au contact de l’eau et le sang qui les traverse puis repart devient froid lors de ce passage. Il prend ensuite la direction du cœur et refroidit tout l’organisme, progressivement. Chez le Lampris royal, les vaisseaux transportant le sang chaud chargé en déchets gazeux et ceux contenant le sang froid oxygéné sont côte à côte, de sorte que le sang froid se réchauffe, par conduction. Tous ces vaisseaux couplés en une structure du nom de rete mirabile sont entourés d’une masse graisseuse qui fournit une dernière isolation contre le froid du milieu. Dans le corps, la même structure est présente, et les artères contenant du sang froid côtoient les artères où coulent le sang chaud. Des adaptations anatomiques (masse graisseuse protectrice autour des organes principaux) et l’usine à chaleur que constitue le battement incessant des nageoires pectorales sur-développées achèvent de faire de ce magnifique poisson un maître des eaux profondes.

Sciences Et Avenir

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