L’excès de CO2 menace-t-il le taux d'oxygène dans l'air ?

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L’excès de CO2 menace-t-il le taux d'oxygène dans l'air ?

Si les études sur les émissions de CO2 s’intéressent le plus souvent à leur impact climatique, les chercheurs se sont également penchés sur cette question, et y ont apporté une réponse. Les destins du dioxygène (O2) et du dioxyde de carbone (CO2), qui, avec le diazote (N2), composent l’atmosphère terrestre, sont effectivement liés. Des travaux scientifiques ont ainsi montré que l’augmentation des émissions de CO2 des vingt dernières années était associée à une diminution de la concentration atmosphérique en dioxygène. Mais l’augmentation de l’une n’est pas responsable de la baisse de l’autre.

Si ces deux phénomènes sont associés, c’est en fait parce qu’ils partagent des causes communes. Ainsi, la combustion du carbone des énergies fossiles – principale source d’augmentation des émissions de CO2 au cours du XXe siècle – consomme également du dioxygène (le O2 de CO2).

UN RECUL INFIME DE LA CONCENTRATION EN OXYGÈNE

La respiration des organismes vivants et la décomposition de la matière organique morte consomment elles aussi de l’O2 et rejettent du CO2. La photosynthèse, à l’inverse, libère de l’O2 à mesure qu’elle capte du CO2. Tous ces phénomènes ont donc des effets sur la concentration en dioxygène et en dioxyde de carbone atmosphériques et expliquent l’association entre l’augmentation des émissions de CO2 et la diminution de la concentration atmosphérique en O2.

D’après Ralph Killing, de l’Institut américain de recherche Scripps, le nombre de molécules de dioxygène présentes dans l’atmosphère reculerait en moyenne chaque année de 0,002 %. Un résultat légèrement plus faible que les prévisions, que le chercheur explique par un développement global de la flore, dont les capacités photosynthétiques auraient augmenté avec la hausse du taux de CO2 atmosphérique.

EN 2030, 0,01 % DE MOINS EN OXYGÈNE

Si ce développement de la flore ne compense cependant pas totalement l’augmentation des émissions de CO2 et la baisse associée de la concentration atmosphérique en O2, c’est que l’expansion géographique des plantes est limitée et que les émissions de CO2 ne cessent de progresser. D’ailleurs, au rythme de 0,002 % par an, la baisse du nombre de molécules de dioxygène dans l’atmosphère pourrait faire tomber la concentration en dioxygène actuelle, de 20,94 %… à 20,93 % en 2030.

Cette “chute” de 0,01 % en vingt ans est très loin d’alarmer les spécialistes, d’autant moins que les êtres vivants vivent très bien avec beaucoup moins d’oxygène, comme on peut aisément l’observer en montagne. En effet la pression atmosphérique, et donc la quantité de dioxygène dans l’air inspiré, diminue avec l’altitude.

LA MENACE EST AILLEURS

D’après Michèle Germain, chef du service d’explorations fonctionnelles respiratoires à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, les conditions atmosphériques au sommet du mont Blanc seraient équivalentes à une concentration de l’air en O2 d’environ 11,5 %, bien inférieure à celle qui serait atteinte si toutes les ressources en énergies fossiles de notre planète devaient être brûlées.

L’homme s’adapte très bien aux faibles concentrations en dioxygène. Ainsi, “le manque ne se fait sentir qu’à partir de 2 000 m d’altitude, soit l’équivalent d’une concentration en dioxygène d’environ 16 %. Et, si l’on monte doucement, le corps s’adapte très facilement, en augmentant son rythme respiratoire, son débit sanguin et, après quelques jours, sa production de globules rouges”, explique Michèle Germain. Si certaines populations vivant dans l’Himalaya ou les hauts plateaux des Andes sont menacées par l’augmentation des émissions de CO2, ce n’est donc pas à cause du risque de raréfaction de l’oxygène… mais bien de celui d’un réchauffement climatique et des perturbations qu’il engendre.

D’après S&V n°1118

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