L'Europe prête à lancer son prototype d'avion spatial

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L'Europe prête à lancer son prototype d'avion spatial

Il a la taille d’une voiture, est dépourvu d’ailes mais il entend bien voler comme un avion: le prototype de véhicule spatial européen IXV devait être lancé mercredi pour tester sa rentrée contrôlée dans l’atmosphère, une technologie clef qui manque encore à l’Europe spatiale.

Les Etats-Unis et la Russie la maîtrisent depuis longtemps. Elle est nécessaire pour concevoir des engins aptes à revenir sur Terre et réutilisables.

Baptisé IXV (prononcer à l’anglaise «I» «X» «V» pour Intermediate eXpérimental Vehicle«), le prototype, non habité, mesure cinq mètres de long et pèse environ deux tonnes.

Il est installé au sommet d’une fusée européenne Vega qui doit être tirée à 13H00 GMT (14H00 heure de Paris) depuis le port spatial de Kourou (Guyane française).

Le coût du projet, porté par l’Agence spatiale européenne (ESA), est de 170 millions d’euros. Sept pays participent au financement: la Belgique, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et la Suisse.

La mission du véhicule expérimental sera courte: cent minutes. IXV se séparera du lanceur 18 minutes après le tir, à environ 340 km de la Terre. Il montera jusqu’à une hauteur de 420 km puis entamera sa descente.

A 120 km, il rentrera dans l’atmosphère à la vitesse très élevée de 7,5 km par seconde (27.000 km/h). Le frottement avec l’air ralentira le vaisseau. Son fuselage aérodynamique le portera, lui permettant de voler brièvement avant qu’un parachute multi-étages ne s’ouvre et que IXV plonge à un point précis dans l’Océan Pacifique, loin de toute zone habitée. Des ballons géants le maintiendront à flots et un bateau viendra le récupérer.

»Le retour d’orbite est une des disciplines les plus difficiles à réaliser dans le domaine du spatial«, selon Giorgio Tumino, responsable du programme IXV à l’ESA.

Si l’angle de rentrée est trop important, le vaisseau risque de brûler. S’il est trop faible, IXV risque de ne pas atteindre le point fixé pour son retour sur Terre.

L’Europe excelle à mettre des satellites en orbite. Nous avons aussi un bon savoir-faire pour réaliser des amarrages«, comme l’a montré le cargo ATV. Mais nous sommes derrière les Américains, les Russes et même les Chinois en matière de rentrée dans l’atmosphère», reconnaît M. Tumino.

Les Américains ont fait voler pendant trente ans leur navette spatiale avant de l’abandonner en 2011.

Actuellement, les Russes sont les seuls à pouvoir effectuer des retours sur Terre d’astronautes grâce aux capsules Soyouz.

Le module Dragon de la société américaine SpaceX permet de ramener du fret. Et la Nasa a lancé avec succès, en décembre, son véhicule expérimental Orion dont la capsule a effectué sans problème son retour sur Terre. Ce nouveau vaisseau d’exploration spatiale aura notamment pour mission de transporter des astronautes vers Mars.

Dans les années 1980, la France puis l’Europe avaient préparé un ambitieux projet d’avion spatial Hermès destiné à transporter des astronautes. Mais il a été abandonné en 1993.

Les premières études de faisabilité du IXV, projet beaucoup plus modeste, ont été lancées en 2006 et l’appareil est développé depuis 2009.

«L’Europe a choisi une voie médiane entre les capsules, qui sont simples mais pas manoeuvrables à l’atterrissage et les véhicules avec des ailes, très manoeuvrables mais très complexes et coûteux», souligne M. Tumino.

Conçu sous la maîtrise d’oeuvre de Thales Alenia Space, à la tête d’un consortium d’une quarantaine de sociétés européennes, IXV est équipé de plus de 300 capteurs pour recueillir une masse de données sur le vol.

Si la mission IXV se passe bien, l’Europe aura franchi «un pas fondamental» en direction de trois possibilités à long terme: «Les lanceurs réutilisables, le retour d’échantillons de l’espace et le retour d’astronautes sur Terre», relève M. Tumino.

«Ce sont des enjeux de souveraineté pour l’Europe et la France», souligne Geneviève Fioraso, la secrétaire d’Etat française à la Recherche qui sera avec son homologue italienne Stefania Giannini au Centre de contrôle de la mission à Turin pour le lancement du prototype.

AFP

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