Les groupes sanguins pourraient devenir tous compatibles grâce à une enzyme

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Les groupes sanguins pourraient devenir tous compatibles grâce à une enzyme

Les questions de compatibilité sanguine en cas de transfusions pourraient prochainement faire partie du passé. Des chercheurs canadiens sont en passe de réussir à transformer des groupes sanguins A ou B en groupe O, donneur universel.

Eurêka: cette avancée permettrait de simplifier la logistique des banques de sang, entravées par les incompatibilités sanguines, qui entraînent de bien gênantes, car potentiellement mortelles, réactions du système immunitaire chez le receveur.

La solution était déjà théoriquement connue: l’enzyme dite «98 glycoside hydrolase» est capable de supprimer certains antigènes présents dans le sang de type A ou B qui sont responsables, en cas de transfusion incompatible, des crises hémolytiques.

Piqûre de rappel

Cela vous rappelle sûrement de lointains cours de biologie. Le sang de type A, est susceptible de produire des protéines dites «agglutinines» anti-B. Inversement, le groupe B produit des anti-A. Les chanceux de la catégorie AB ne produisent ni anti-A ni anti-B. Ils peuvent donc recevoir tous les sangs (on parle de receveurs universels) mais n’en donner qu’au sein de leur caste puisqu’ils ont des marqueurs à la fois A et B contre lesquels les agglutinines des groupes B et A pourraient respectivement se tourner.

Les personnes de groupe O, en revanche, possèdent les deux types de protéines récalcitrantes (anti-A et anti-B): elles n’acceptent alors que le sang de leurs congénères de groupe sanguin. Et, comme leur sang ne produit pas de marqueur spécifique, elles peuvent donc donner leur sang à tout le monde.

L’enzyme identifiée est capable de neutraliser les agglutines de notre hémoglobine, ce qui confère au sang les propriétés de donneur universel du groupe O. Mais la quantité nécessaire était jusque-là trop importante pour être applicable.

Enzyme «mutante» surpuissante

Les chercheurs de l’université de British Columbia, à Vancouver, au Canada, se sont donc efforcés de booster ses pouvoirs. Mission accomplie: leur publication fait état d’une version de la protéine 170 fois plus efficace que les précédentes. Cette mutation est le fruit des modifications obtenues par des techniques dites d’évolution dirigée, sorte de sélection darwinienne accélérée.

Les résultats ne permettent pas encore de faire disparaître l’intégralité des agglutines dans le sang A ou B, condition sine qua non pour une transfusion sans risque. Mais, pour les chercheurs, cette première étape est décisive, comme l’explique Stephen Withers:

«Compte tenu de notre succès jusqu’à présent, nous sommes optimistes sur le fait que cela va fonctionner.»

Encore un petit effort avant que les poches de sang ne soient distribuées indistinctement.

Slate.fr

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