La NASA envisagerait d'envoyer des hommes sur vénus

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La NASA envisagerait d'envoyer des hommes sur vénus

La Nasa a rendu public son nouveau projet de mission habitée sur la planète Vénus, ou plutôt dans son atmosphère : un véhicule en orbite basse avec à son bord deux astronautes pendant 30 jours. Baptisé High Altitude Venus Operational Concept ou HAVOC (le terme signifie également « chaos » ou « désordre » en anglais), le dernier projet du Directoire d’analyse des systèmes et concepts (SACD) de l’agence américaine vient donc rompre la monotonie du secteur de la conquête spatiale, focalisé depuis plus d’une décennie sur un éventuel vol habité vers Mars – peut-être dans la décennie 2030 ou 2040.

Encore à l’état de papier, le projet est néanmoins bien défini dans ses grandes lignes, en substance : après l’envoi d’une sonde robotisée en orbite autour de la planète, pour affiner l’étude de faisabilité, un équipage de deux astronautes devrait séjourner trente jours dans un véhicule orbital de type « dirigeable », à 50 km d’altitude (vidéo ci-dessous) – la Nasa évoque même la possibilité d’y installer une colonie ! C’est une altitude idéale car la température y est « tempérée », comprise entre 0 °C et 50 °C, et il y règne une pression atmosphérique de même ordre qu’à la surface de la Terre – alors qu’à sa surface, la température avoisine les 465 °C, et la pression est de 91.5 fois celle du plancher des vaches. De quoi préserver la structure du vaisseau.

De fait le voyage vers Vénus présente un grand avantage, la distance à parcourir  : l’orbite de Vénus se trouve à 42 millions de km de celle de la Terre, contre 75 millions de km entre les orbites terrestre et martienne. Bien qu’un voyage spatial ne se fait jamais en ligne droite, les vaisseaux empruntant toujours des « routes gravitationnelles » courbes, cela représente néanmoins une économie certaine de carburant et de temps.

L’ATMOSPHÈRE DE VÉNUS EST CHARGÉ DE GOUTTELETTES D’ACIDE SULFURIQUE HAUTEMENT CORROSIVES

Coté inconvénients, il y en a plusieurs. Par exemple, le vaisseau et ses panneaux solaires devraient pouvoir résister aux attaques chimiques des gouttelettes d’acide sulfurique en suspension dans l’atmosphère vénusienne, et au mitraillage par les particules du vent solaire, car contrairement à la Terre, l’étoile du Berger (ainsi que les Anciens nommaient Vénus) ne possède pas un champ magnétique capable de les dévier.

De plus, pour les exobiologistes, Vénus présente moins d’intérêt que Mars car la possibilité de dénicher des traces de vie y est bien moins grande : s’il est probable que Vénus a eu de l’eau liquide voire un océan voici des milliards d’années, la planète est aujourd’hui l’une des plus sèches du Système solaire car son eau s’est évaporée à cause de l’incroyable effet de serre qui surchauffe la planète, puis la vapeur a été progressivement « soufflée » vers l’espace par le vent solaire (Vénus perd son atmosphère progressivement). Néanmoins, certains scientifiques pensent que des bactériesextrêmophiles pourraient nicher en altitude, dans les nuages.

Finalement la Nasa, en lançant ce concept de vol habité vers Vénus, semble surtout vouloir tester la réaction de ses partenaires et des autres agences spatiale, et attendre de voir si l’idée prend racine. La question est de savoir si sa conception présente véritablement des avantages au regard d’un voyage vers Mars dont le coût, estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars, est un obstacle encore insurmontable. Mais les inconvénients d’un séjour au-dessus de Vénus le sont peut-être tout autant…

Román Ikonicoff – Science & vie

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