La Chine veut visiter la face cachée de la Lune cette année

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La Chine veut visiter la face cachée de la Lune cette année

Chang’e 4, c’est le nom de la mission que la Chine doit lancer cette année vers la face cachée de la Lune pour y déposer un rover. C’est une réelle percée dans l’exploration lunaire et un pas important pour le pays ainsi que la communauté scientifique mondiale.

Parmi la quarantaine de lancements annoncés pour 2018, plusieurs attireront notre attention : le retour en vol du Longue Marche 5 (le plus gros lanceur chinois), mais, surtout, les deux lancements de la mission chinoise Chang’e 4, dont l’objectif est de déposer sur la face cachée de la Lune un rover, du jamais-vu. La face cachée de la Lune est d’un très grand intérêt scientifique et y faire rouler un rover devrait permettre un retour très significatif.

Cette mission sera réalisée en deux parties, avec un premier lancement en juin et un second dans le courant de l’année. En juin, un satellite de relais de communication de 425 kg s’installera à quelque 60.000 km d’altitude autour de la Lune. La réussite de cette première étape conditionne la suite des opérations. En effet, ce satellite sera utilisé pour relayer les communications entre le rover Chang’e 4 et la Terre mais aussi aider à son atterrissage.

Au sol, le rover étudiera les conditions géologiques propres à ce côté-ci de la Lune. Il faut savoir que la face cachée de notre satellite présente une géologie unique, complètement différente de celle de la face visible depuis la Terre : elle possède beaucoup moins de grands cratères et, pour ainsi dire, aucune mer. Elle témoignerait par ailleurs d’une activité volcanique relativement récente, pouvant remonter à 100 millions d’années ; elle compte aussi bien plus de cratères d’impacts que la face visible (certains sont très jeunes).

Tester un écosystème sur la Lune

Le rover devrait vérifier si des plantes sont susceptibles d’être cultivées sur la Lune. Pour cela, il embarquera un conteneur rempli de graines, mais aussi d’insectes. Il vérifiera aussi si des vers à soie sont capables d’y produire du dioxyde de carbone et si des pommes de terre et des graines y émettent de l’oxygène par photosynthèse.

Enfin, la face cachée de la Lune a un environnement électromagnétique propre, ce qui en fait un site idéal pour l’étude radio à basses fréquences de l’univers. Le rover pourrait donc embarquer un radiotélescope dont les observations ne seraient pas perturbées par les signaux radio artificiels terrestres et l’ionosphère de notre Planète. Le professeur d’astrophysique Heino Falcke, de l’université Radboud (Pays-Bas), a récemment déclaré au Guardian qu’il était en pourparlers avec les Chinois afin que son radiotélescope soit embarqué sur le rover.

L’hélium 3 sera-t-il l’énergie du futur ?

Cette mission est également d’un très grand intérêt économique. Il faut savoir que les échantillons ramenés lors des missions Apollo ont démontré que le sol de notre satellite naturel est parsemé d’hélium 3. Or, selon les scientifiques, cet isotope de l’hélium pourrait devenir, dans le futur, le carburant privilégié des centrales nucléaires à fusion contrôlée, permettant de produire des quantités phénoménales d’énergie sans la moindre pollution ni radioactivité. Cet élément est plus abondant sur la Lune que sur Terre, et probablement plus encore sur la face cachée de la Lune. En 2015, Ouyang Ziyuan, le responsable scientifique du programme chinois d’exploration lunaire, estimait : « La Lune est tellement riche en hélium 3 que cela pourrait régler le problème des besoins en énergie de l’humanité pour au moins 10.000 ans ».

La Chine, qui a un grand programme de développement de la fusion thermonucléaire, espère pouvoir un jour maîtriser cette source d’énergie en utilisant l’hélium 3 comme combustible. Elle a déjà lancé des recherches sur la possibilité d’ouvrir une mine sur la Lune et l’hélium 3 lunaire est toujours un objectif plus ou moins important dans chaque mission de son programme.

Rémy Decourt | Futura-Sciences

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