Des drones entraînent les faucons à la chasse

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Des drones entraînent les faucons à la chasse

Et si l’art ancien de la fauconnerie faisait appel aux technologies contemporaines ? Plutôt que de les entraîner à chasser des appâts, pourquoi ne pas dresser les faucons à pourchasser des drones camouflés en proies ? C’est l’idée qu’ont eue des fauconniers anglais, comme le rapporte le journal New Scientist cette semaine.

D’habitude, pour dresser un faucon à chasser, le fauconnier doit le récompenser dès qu’il vole en hauteur, pour l’inciter à monter de plus en plus haut : de quoi lui donner une vue plongeante sur un territoire plus vaste, et augmenter ses chances de repérer des proies. Un processus d’apprentissage lent, que les fauconniers essaient parfois d’accélérer en faisant voler en altitude des ballons ou des cerfs-volants en guise de leurre, d’où pendent des appâts (comme des cailles).

VOLANT COMME LEURS PROIES, LES DRONES BOOSTENT LE DRESSAGE DES JEUNES FAUCONS

Avec les drones, c’est tout le contraire : agiles et maniables, ils peuvent atteindre de hautes altitudes et le pilote peut imiter le vol d’une proie au plus près de la réalité. Agrémentés d’altimètres, de compteurs de vitesse de l’air et de chronomètres, ils permettent d’établir des programmes d’entraînement qui font progresser rapidement les jeunes faucons.

Un exemple : le Robara, commercialisé par la société britannique Wingbeat, conçu pour ressembler en tout point à l’outarde houbara, un grand oiseau du désert. Cette proie naturelle du faucon pèlerin et du faucon gerfaut est parmi les plus convoitées par les fauconniers traditionnels d’Arabie. D’après le fabricant de son alter ego volant, un jeune faucon entraîné sur un Robara peut gagner en un mois l’expérience d’un an de dressage traditionnel !

Et pour cause : fabriqué en polypropylène expansé à basse densité, avec une tête en caoutchouc et mousse capable d’absorber les chocs et une peau en lycra mimant son plumage, le Robara imite à la perfection l’oubara aux yeux du faucon. Il monte à 500 mètres en 3 minutes, virevolte agilement, et peut atteindre les 23 mètres par seconde comme son prédateur.

UN NOUVEAU SPORT POURRAIT ÉMERGER, QUI SE PASSE DE PROIES VIVANTES

Quant aux faucons, ils semblent apprécier ces proies postiches, tant et si bien qu’ils les traitent exactement comme des vraies, déployant tout le répertoire de leurs stratégies d’attaque, telle une danse aérienne : ils les pourchassent, et une fois attrapées se courbent pour atteindre leur tête, puis ils les emmènent au sol, où ils tentent de les achever à l’aide de la dent en crochet qui orne la pointe de leur bec.

Tout cela mène les adeptes des drones déguisés en rapaces à affirmer qu’une nouvelle discipline est née : la « rofauconnerie » (Rofalconry en anglais), ou fauconnerie robotisée… Avec un avantage pour la nature : si les compétitions impliquant ces engins prennent de l’ampleur, moins de proies vivantes seront sacrifiées au spectacle. Pas anodin, sachant que l’outarde oubara est classée espèce menacée !

Fiorenza Gracci – Science & Vie

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