Avec les robots comme avec les humains, tout est dans le regard

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Une équipe finlandaise a découvert que le fait d’établir un contact visuel avec un robot donnait à l’interaction avec la machine une qualité équivalente à celle existant entre humains.

C’est toujours plus intense, dans les relations interpersonnelles, quand on se regarde dans les yeux. C’est pareil entre un humain et un robot. En tout cas selon une étude de l’université de Tampere en Finlande, publiée dans le numéro de Biological Psychology daté du mois de janvier 2021. Les chercheurs sont partis de l’idée qu’”à l’avenir, les gens seront de plus en plus amenés à interagir avec ces robots dits ‘sociaux’”, écrivent-ils. D’où le besoin de savoir comment mettre au point une interaction de qualité, qui ne soit pas perturbante et se rapproche au mieux des relations entre humains.

Les chercheurs ont comparé des situations de face à face entre deux humains et entre un humain et un robot humanoïde Nao. Ce qui est une première : jusque-là, les études sur le sujet ont consisté à observer ce qui se passait entre deux humains ou entre un humain et une machine mais pas les deux à la fois. Le projet a fait appel à 48 participants, hommes et femmes (essentiellement des étudiants de l’université). Ils ont été placés face à une fenêtre à cristaux liquides de l’autre côté de laquelle apparaissaient soit un humain soit un robot, l’un et l’autre arborant des expressions neutres et n’ayant pour seuls mouvements faciaux que le fait de cligner des yeux (clignement programmé toutes les trois secondes dans le cas du robot). Ce dispositif permet d’éviter que tout élément autre que le regard vienne parasiter l’expérience.

Robot et humains, tête tournée à 65°
Dans une moitié des situations de test, humain et robot regardaient droit devant eux. Ils fixaient donc le visage du participant dont le siège était réglé de manière à ce que les têtes des deux “interlocuteurs” soient à la même hauteur. Et dans l’autre moitié, robot et humains avaient la tête tournée à 65° sur la droite ou la gauche, le participant ne pouvant alors plus voir qu’un coin de la pupille de celui qu’il avait face à lui.

Les participants ont alors été soumis à une série de mesures physiologiques caractérisant la réponse émise dans le cas d’un contact visuel ou de son absence. Concrètement, les chercheurs ont mesuré la conductance cutanée (l’activité électrique au niveau de la peau), l’activité des muscles faciaux au niveau des joues et du front par électromyographie et la décélération du rythme cardiaque, un marqueur de l’attention du sujet.

Une réponse émotionnelle positive dès lors que le contact visuel est établi
Les résultats sont sans appel : tous les signaux enregistrés témoignent d’une réponse émotionnelle positive dès lors que le contact visuel est établi, que le participant soit face à un humain ou un robot. Certaines réponses sont plus marquées quand il s’agit d’un humain en face (la conductance cutanée ou l’activité des zygomatiques) mais jamais le fait de croiser le regard d’un robot ne provoque de réponse émotionnelle inférieure ou équivalente à ce qui se passe quand la machine ne regarde pas en face. Dans ces moments, les relations humain-humain et humain-robot se valent. La machine étant considérée comme un égal sur le plan émotionnel.

“Ces résultats suggèrent que, même si les humains savent que le robot n’a pas de pensée et ne les voit pas réellement, ils lui imputent implicitement des capacités mentales et, par conséquent, réagissent au robot qui les fixe dans les yeux comme si celui-ci les regardait” résument les chercheurs. Il y a à ce moment-là une tendance à anthropomorphiser la machine et à lui prêter une intention.

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