Alerte à la toxicité de l’aluminium

Home » Future » Alerte à la toxicité de l’aluminium

Alerte à la toxicité de l’aluminium

L’aluminium est partout. Avion, voiture, habitat, emballages, alimentation, cosmétique, produits pharmaceutiques, etc. Ce matériau léger, résistant et recyclable connait un progrès fulgurant depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Sa production annuelle a dépassé les 40 millions de tonnes à la fin de la dernière décennie et on prévoit un doublement d’ici 2030.

Ce succès a un revers. D’infimes particules ont envahi l’atmosphère, l’eau des rivières, les sols, les océans. Et les organismes humains. Partout l’homme en boit, mange et respire. “La dose recommandée de consommation en aluminium des habitants des pays les plus riches est de 1 milligramme par kilo de poids de corps et par jour (mg/kg/j). Or, 10% au moins de cette population excède les 10 mg par jour” assure Pierre Desreumaux, gastro-entérologue et chercheur à l’Inserm.

Si l’aluminium a autant envahi nos vies, c’est qu’il a été longtemps considéré comme sans risques pour la santé. Ce n’est qu’en 1995 qu’un premier forum organisé par l’université de Keele en Grande-Bretagne fait un premier point sur l’écotoxicité du matériau. Le meeting de Lille est donc le onzième du genre.

L’exposition à l’aluminium, cause de nombreuses pathologies

Il se termine par un vrai signal d’alerte. “Il est essentiel que nous levions le sujet de l’écotoxicité de l’aluminium et de son rôle dans les maladies humaines et plus particulièrement celles du système nerveux central dont la maladie d’Alzheimer. Il est évident que nous sommes confrontés quotidiennement à l’aluminium dans des domaines où son innocuité n’a jamais été testée et encore moins démontrée comme la vaccination, l’immunothérapie et les cosmétiques” s’alarme Christopher Exley,professeur en chimie bioinorganique à l’université de Keele et directeur scientifique du meeting.

Les études s’accumulent qui suggèrent une responsabilité de ce matériau dans l’augmentation de la maladie d’Alzheimer, de la sclérose en plaque, de la maladie de Crohn, des colopathies fonctionnelles (ou syndrome de l’intestin irritable). L’aluminium est également suspecté comme facteur de la baisse de fertilité masculine.

Sensibiliser l’industrie agro-alimentaire

Un lien certain a été établi avec une maladie, la myofasciite à macrophages, dont la survenue est désormais associée à la présence de sels d’aluminium dans certains vaccins. “En 2015, des résultats sont attendus sur le lien entre l’apparition de cancer du sein dans le quadrant supéro-externe (40% des cas) et l’application de déodorants et anti-transpirants contenant de l’aluminium” annonce Pierre Desreumaux.

Le Keele meeting de Lille a permis de mettre en exergue l’importance de la voie orale qui représenterait 40% de l’aluminium ingéré. Celui-ci transiterait par l’intestin, provoquant une grande porosité des parois lui permettant de passer dans le sang. Il s’accumulerait préférentiellement dans les os et dans le cerveau. “Le lien avec la maladie de Crohn et les colopathies fonctionnelles est de plus en plus soupçonné et l’on voit d’ailleurs le nombre de ces pathologies fortement augmenter dans des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou l’Afrique du sud, où l’usage de l’aluminium était inconnu il y a encore peu de temps” poursuit Pierre Desreumaux.

Il est très difficile aujourd’hui de quantifier les doses d’aluminium chez l’homme. Il n’existe pas de méthodes non invasives et seul le laboratoire de l’université de Keele maîtrise actuellement les méthodologies d’examen des échantillons biologiques. L’urgence est donc de trouver des méthodes simples et universelles de détection des doses. Enfin, les chercheurs vont poursuivre leurs efforts de sensibilisation des industriels sur l’usage de l’aluminium, en priorité dans l’agro-alimentaire.

Sciences Et Avenir

شارك: