{"id":48855,"date":"2018-11-28T08:03:38","date_gmt":"2018-11-28T08:03:38","guid":{"rendered":"http:\/\/www.massarate.ma\/?p=48855"},"modified":"2018-11-28T08:03:38","modified_gmt":"2018-11-28T08:03:38","slug":"au-malawi-le-lac-chilwa-na-plus-deau","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.massarate.ma\/au-malawi-le-lac-chilwa-na-plus-deau.html","title":{"rendered":"Au Malawi, le lac Chilwa n’a plus d’eau"},"content":{"rendered":"
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\"Au<\/p>\n

Il y a quatre mois encore, le petit port de Kachulu sur les rives du lac Chilwa, dans le sud du Malawi, grouillait de p\u00eacheurs. Puis il s’est vid\u00e9 en partie, comme le lac, victime de s\u00e9cheresses r\u00e9currentes.\u00a0La derni\u00e8re fois qu’il a \u00e9t\u00e9 autant d\u00e9shydrat\u00e9, c’\u00e9tait en 1991.<\/p>\n

En cette fin novembre 2018, des centaines de bateaux de p\u00eacheurs sont embourb\u00e9s dans la vase ass\u00e9ch\u00e9e et rid\u00e9e, tandis que des vautours survolent le lac Chilwa, \u00e0 30 km \u00e0 l’est de Zomba, l’ancienne capitale du Malawi, dans une zone qui h\u00e9berge 200 esp\u00e8ces d’oiseaux.\u00a0“Certains p\u00eacheurs sont partis pour le lac Malawi<\/em>“, \u00e0 une centaine de kilom\u00e8tres plus au nord, “tandis que d’autres ont pris des emplois temporaires dans la culture du riz<\/em>“, explique un villageois, Julius Nkhata. Sal\u00e9 et peu profond, Chilwa, le deuxi\u00e8me plus grand lac du pays apr\u00e8s le lac Malawi, est tr\u00e8s sensible aux variations saisonni\u00e8res. “Au cours des 100 derni\u00e8res ann\u00e9es, ce lac s’est compl\u00e8tement ass\u00e9ch\u00e9 \u00e0 plusieurs reprises en suivant des cycles tous les 20-25 ans, d’apr\u00e8s les \u00e9crits dont nous disposons<\/em>“, explique le professeur sp\u00e9cialiste d’environnement Sosten Chiotha, qui \u00e9tudie le lac depuis 27 ans. La derni\u00e8re fois qu’il a \u00e9t\u00e9 autant d\u00e9shydrat\u00e9, c’\u00e9tait en 1991.\u00a0Depuis “les ann\u00e9es 90, la fr\u00e9quence des s\u00e9cheresses a augment\u00e9<\/em>” en raison du changement climatique, rel\u00e8ve M. Chiotha, selon qui le lac a perdu 60% de l’eau qu’il contenait auparavant.<\/p>\n<\/div>\n

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Les p\u00eacheurs sans emplois<\/h2>\n

La vie de Maru Yakobe a toujours d\u00e9pendu du lac. Cette p\u00eacheuse gagnait jusqu’\u00e0 r\u00e9cemment quelque 15.000 kwacha (18 euros) par jour, assez pour nourrir sa famille et envoyer ses cinq enfants \u00e0 l’\u00e9cole. Sa survie d\u00e9pend aujourd’hui d’un bout de rizi\u00e8re. “Nous avions l’habitude de nous en sortir gr\u00e2ce au lac, mais maintenant il n’y a plus d’affaires \u00e0 faire. Personne n’a \u00e9t\u00e9 \u00e9pargn\u00e9 dans le village<\/em>“, explique-t-elle. La coop\u00e9rative de poissons s\u00e9ch\u00e9s par exemple a ferm\u00e9. Au moins temporairement. “Il n’y a pas de poissons. Les femmes de la coop\u00e9rative n’ont plus de revenus<\/em>“, explique Nixon Masi, responsable gouvernemental de la p\u00eache \u00e0 Chilwa.<\/p>\n

Sur les 38 p\u00eacheuses membres de la coop\u00e9rative Kachulu Solar Driers Women Club, 21 sont parties tenter leur chance ailleurs. “Certaines de ces femmes sont retomb\u00e9es dans la pauvret\u00e9, alors qu’on avait fait tant de progr\u00e8s<\/em>” ces derni\u00e8res ann\u00e9es, se d\u00e9sesp\u00e8re Nixon Masi. La coop\u00e9rative avait chang\u00e9 la vie de Rose Kamata: “L’an dernier, j’ai re\u00e7u un dividende de 400.000 kwachas (477 euros). Mais aujourd’hui je suis de retour \u00e0 la case d\u00e9part<\/em>“, explique cette veuve qui a huit enfants \u00e0 charge.<\/p>\n

Cercle infernal<\/h3>\n

Les sp\u00e9cialistes estiment que la d\u00e9forestation dans la r\u00e9gion a contribu\u00e9 \u00e0 aggraver la situation. La zone du lac est soumise \u00e0 une forte pression d\u00e9mographique. Quelque 1,5 million de personnes habitent dans cette zone qui est l’une des plus dens\u00e9ment peupl\u00e9es en Afrique australe, selon Sosten Chiotha. Et pour vivre, des habitants coupent des arbres afin de cultiver ou de vendre du charbon de bois. R\u00e9sultat, les bassins versants du lac, ces territoires drain\u00e9s par des eaux qui contribuent \u00e0 un approvisionnement r\u00e9gulier du lac, ont \u00e9t\u00e9 largement endommag\u00e9s.<\/p>\n

Quand il y a des pluies, (les eaux) vont maintenant directement dans le lac. Et dans la mesure o\u00f9 il est peu profond, le taux d’\u00e9vaporation est tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9<\/em>“, constate Sosten Chiotha. “Nous avons seulement de vraies pluies en janvier et apr\u00e8s nous n’avons plus beaucoup d’eau qui approvisionne le lac (…). Nous devons r\u00e9am\u00e9nager les bassins versants”, estime James Nagoli, chercheur pour l’ONG Worldfish. Mais plus le lac s’ass\u00e8che, plus la d\u00e9forestation s’acc\u00e9l\u00e8re car plus les poissons se font rares, plus des villageois se lancent dans la vente de charbon de bois. Un cercle infernal.<\/p>\n

Stephen Chimenya habite l’\u00eele de Chisi sur le lac Chilwa, qui abrite 3.500 personnes. Il travaillait avant comme op\u00e9rateur de bateaux-taxis et gagnait “au moins 5.000 kwachas (6 euros) par jour<\/em>“. Faute de clients, il s’est reconverti dans la vente de charbon de bois. “Que peut-on faire ? demande-t-il. Nous devons nourrir nos familles.” “M\u00eame ceux qui ont essay\u00e9 de cultiver n’ont pas r\u00e9ussi \u00e0 produire \u00e0 cause des conditions climatiques catastrophiques. Les gens sur l’\u00eele sont d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9s, la vie est tr\u00e8s dure<\/em>“, explique le chef local Evans Chimenya. “Si les pluies n’arrivent pas bient\u00f4t”<\/em>, pr\u00e9vient-il, “des gens de l’\u00eele de Chisi vont mourir de faim.<\/em>”<\/p>\n

Sciences et Avenir<\/span><\/em><\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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