{"id":47090,"date":"2017-11-28T10:09:17","date_gmt":"2017-11-28T10:09:17","guid":{"rendered":"http:\/\/www.massarate.ma\/?p=47090"},"modified":"2017-11-28T10:09:17","modified_gmt":"2017-11-28T10:09:17","slug":"mission-hera-la-nasa-et-lesa-vont-elles-retourner-ensemble-sur-saturne","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.massarate.ma\/mission-hera-la-nasa-et-lesa-vont-elles-retourner-ensemble-sur-saturne.html","title":{"rendered":"Mission Hera : la NASA et l’ESA vont-elles retourner ensemble sur saturne ?"},"content":{"rendered":"

$\"Mission$ <\/p>\n

C’est la plus belle collaboration entre les \u00c9tats-Unis et l’Europe\u00a0de l’histoire de l’exploration du syst\u00e8me solaire. La sonde am\u00e9ricaine Cassini, en embarquant avec elle le petit module europ\u00e9en Huygens, a permis aux ing\u00e9nieurs et scientifiques de r\u00e9aliser cette premi\u00e8re stup\u00e9fiante : poser un engin \u00e0 plus de un milliard de kilom\u00e8tres de chez nous, sur Titan, le grand satellite de Saturne. C’\u00e9tait en 2005, et l’image du paysage glacial et brumeux de Titan prise par Huygens et relay\u00e9e par Cassini est d\u00e9sormais une ic\u00f4ne de la conqu\u00eate spatiale.<\/p>\n

Sans la Nasa, l’ESA n’aurait jamais pu r\u00e9aliser cette extraordinaire mission, et sans l’ESA, il aurait manqu\u00e9 quelque chose de fondamental \u00e0 la mission Cassini, qui a engrang\u00e9 une moisson scientifique unique durant ses treize ans de r\u00e9volution autour de Saturne.<\/p>\n

Pourquoi changer une \u00e9quipe qui gagne ?\u00a0Le syst\u00e8me de Saturne, avec ses anneaux changeants, ses dizaines de satellites de glace, fascine les chercheurs. La plan\u00e8te g\u00e9ante, depuis la fin de la mission Cassini, inspire nombre de propositions de nouvelles sondes spatiales. En ligne de mire, principalement, les deux satellites Encelade et Titan, qui font r\u00eaver les exobiologistes par leur – tr\u00e8s hypoth\u00e9tique – promesse de vie cach\u00e9e sous la glace. Propos\u00e9es \u00e0 la Nasa par des instituts scientifiques am\u00e9ricains, d\u00e9j\u00e0, Dragonfly, un drone destin\u00e9 \u00e0 survoler et explorer la surface de Titan, Oceanus, un satellite en orbite autour de Titan, Enceladus Life Finder, un satellite destin\u00e9 \u00e0 traverser les geysers d’Encelade pour analyser leur composition, et Sprite (Saturn Probe Interior and Atmosphere Explorer), un module destin\u00e9 \u00e0 plonger dans l’atmosph\u00e8re de Saturne.<\/p>\n

Voil\u00e0 pour le c\u00f4t\u00e9 am\u00e9ricain. Et du c\u00f4t\u00e9 europ\u00e9en ?\u00a0C’est le projet de\u00a0mission Hera<\/a>\u00a0– Hera, fille de Saturne dans la mythologie – qui est propos\u00e9 par l’\u00e9quipe de Olivier Mousis, professeur d’Astrophysique \u00e0 l’Universit\u00e9 Aix-Marseille et chercheur au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille. Hera, comme Sprite, est un module d’exploration de l’atmosph\u00e8re de Saturne, pens\u00e9, comme Huygens avec Cassini, pour \u00eatre embarqu\u00e9 en \u00ab sac \u00e0 dos \u00bb \u00e0 bord d’une mission am\u00e9ricaine. Pour Olivier Mousis, responsable du projet Hera, \u00ab Hera, comme Sprite, d’ailleurs, avec qui nous collaborons, pourrait \u00eatre embarqu\u00e9 \u00e0 bord d’une mission vers Titan ou Encelade. Arriv\u00e9 dans les parages de Saturne, notre module serait largu\u00e9 par la sonde am\u00e9ricaine, et se dirigerait vers la plan\u00e8te g\u00e9ante pour y plonger… \u00bb.<\/p>\n

Plonger dans l’atmosph\u00e8re d’une plan\u00e8te g\u00e9ante ?\u00a0Les ing\u00e9nieurs savent faire : la sonde Galileo a plong\u00e9 dans l’atmosph\u00e8re de Jupiter, en 1995, et Cassini a achev\u00e9 sa mission dans l’atmosph\u00e8re de Saturne, en 2017. \u00ab Sauf que Cassini n’a jamais \u00e9t\u00e9 pr\u00e9vue pour cela, nuance Olivier Mousis, elle s’est volatilis\u00e9e tr\u00e8s vite dans la haute atmosph\u00e8re saturnienne… Hera aura pour objectif de plonger, prot\u00e9g\u00e9e par un bouclier thermique, \u00e0 100 000 km\/h dans la haute atmosph\u00e8re, puis de d\u00e9ployer un parachute, avant de transmettre des informations scientifiques durant pr\u00e8s de deux heures ! Nous esp\u00e9rons mesurer tous les param\u00e8tres atmosph\u00e9riques de Saturne jusqu’\u00e0 environ 400 kilom\u00e8tres de profondeur, ce qui repr\u00e9sente 20 bars de pression, cela, c’est du jamais vu… \u00bb.<\/p>\n

M\u00eame si la mission atmosph\u00e9rique de Galileo\u00a0a \u00e9t\u00e9 occult\u00e9e par ses images spectaculaires de Jupiter et ses satellites, elle a \u00e9t\u00e9 fondamentale pour la compr\u00e9hension du syst\u00e8me solaire. Pour Olivier Mousis \u00ab Galileo a montr\u00e9 que la composition de l’atmosph\u00e8re de Jupiter n’\u00e9tait pas en proportions solaires. Ces mesures ont apport\u00e9 des contraintes tr\u00e8s fortes sur l’origine de Jupiter. On pense aujourd’hui que Jupiter s’est form\u00e9e \u00e0 partir de l’accr\u00e9tion d’un c\u0153ur solide qui a entra\u00een\u00e9 l’effondrement d’une partie de la n\u00e9buleuse protosolaire environnante pour former son enveloppe. Ensuite, Galileo a mesur\u00e9 l’abondance des gaz rares de Jupiter : leur d\u00e9termination est fondamentale pour comprendre les conditions de formation du syst\u00e8me solaire. R\u00e9aliser une mission comparable \u00e0 Galileo sur Saturne, puis sur Uranus ou Neptune, est donc un enjeu scientifique fondamental pour la compr\u00e9hension de l’origine et de l’\u00e9volution du syst\u00e8me solaire \u00bb.<\/p>\n

Alors, Hera va t-elle bient\u00f4t partir vers Saturne ?\u00a0\u00ab Nous avons plusieurs opportunit\u00e9s, explique Olivier Mousis : si Sprite et Hera sont adopt\u00e9es par la Nasa et l’ESA, nous pourrions les envoyer ensemble, dans deux r\u00e9gions diff\u00e9rentes de Saturne. Nous pouvons aussi, comme Huygens avec Cassini, \u00eatre passager d’une mission am\u00e9ricaine vers Titan ou Encelade, ou bien encore \u00eatre les passagers d’une mission am\u00e9ricaine vers Uranus ou Neptune, qui larguerait Hera en passant aupr\u00e8s de Saturne. Dans tous les cas, nous visons une fen\u00eatre de tir entre 2025 et 2030 \u00bb.<\/p>\n

La mission Cassini-Huygens\u00a0vers Saturne a marqu\u00e9 l’histoire de l’exploration du syst\u00e8me solaire. Scientifiquement, bien s\u00fbr, mais pas seulement. Si le grand public adh\u00e8re de plus en plus \u00e0 ces grandes odyss\u00e9es cosmiques, c’est surtout la magie des images qui le s\u00e9duit. Le succ\u00e8s mondial des missions martiennes de la Nasa, de la mission Rosetta sur la com\u00e8te Churyumov-Gerasimenko, de la mission Cassini-Huygens ? Les images de science-fiction qu’elles nous ont offert. Alors, pour nous faire r\u00eaver, l’\u00e9quipe d’Olivier Mousis a pens\u00e9 \u00e0 \u00e9quiper sa sonde d’une cam\u00e9ra, afin d’obtenir des images des temp\u00eates cyclop\u00e9ennes lev\u00e9es par les vents de Saturne, avant le grand plongeon d’Hera.<\/p>\n

Science&Vie |\u00a0Serge Brunier\u00a0<\/span><\/span><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"