![\"D\u00e9couverte](\"http:\/\/www.massarate.ma\/wp-content\/uploads\/2015\/07\/neurones-f.jpg\")
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Il suffit de quelques secondes pour m\u00e9moriser une sc\u00e8ne et tout son contexte : l’enfant qui r\u00e9ussit ses premiers tours de roues en v\u00e9lo ou la foule devant le panneau des r\u00e9sultats du baccalaur\u00e9at. Cet enregistrement, li\u00e9 \u00e0 la m\u00e9moire dite \u00e9pisodique, se traduit instantan\u00e9ment par la mise en place de nouvelles connexions. C’est ce que d\u00e9montrent, \u00e0 l’\u00e9chelle de neurones uniques, des chercheurs britanniques. Ces cellules, individuellement, seront ensuite activ\u00e9es par un \u00e9l\u00e9ment rappelant cette sc\u00e8ne, ce qui remontera son souvenir. C’est la premi\u00e8re fois qu’un m\u00e9canisme sous-jacent \u00e0 une telle m\u00e9morisation est rep\u00e9r\u00e9 \u00e0 l’\u00e9chelle cellulaire.<\/p>\n
\u00ab Le neurone de Jennifer Aniston \u00bb<\/em> : c\u2019est ainsi que Rodrigo Quian Quiroga<\/a> et Matias Ison, de l\u2019universit\u00e9 de Leicester<\/a> (Royaume-Uni), r\u00e9sument les recherches sur la m\u00e9moire qu’ils viennent de publier avec leurs coll\u00e8gues dans la revue Neuron<\/a><\/em>. La s\u00e9rie d\u2019exp\u00e9riences qu\u2019ils ont men\u00e9es leur ont en effet permis de localiser des neurones qui s\u2019activent lors de la m\u00e9morisation puis lors du souvenir d\u2019un fait tr\u00e8s pr\u00e9cis, par exemple l\u2019image de Jennifer Aniston\u2026 ou de la tour Eiffel si les deux ont \u00e9t\u00e9 associ\u00e9es.<\/p>\n Pour parvenir \u00e0 une telle r\u00e9solution, l\u2019\u00e9quipe a utilis\u00e9 des \u00e9lectrodes implant\u00e9es \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur du cerveau de 14 patients. Atteints d\u2019une forme grave d\u2019\u00e9pilepsie, ils \u00e9taient hospitalis\u00e9s pour localiser leur affection et se sont port\u00e9s volontaires pour ces exp\u00e9riences sur la m\u00e9moire. Les \u00e9lectrodes \u00e9taient install\u00e9es dans le lobe temporal m\u00e9dian, une r\u00e9gion connue pour \u00eatre impliqu\u00e9e dans la m\u00e9morisation et qui contient l\u2019hippocampe, l\u2019amygdale et le cortex rhinal. La pr\u00e9cision de la mesure \u00e9tait telle que les chercheurs pouvaient distinguer l\u2019activit\u00e9 de neurones isol\u00e9s.<\/p>\n L\u2019exercice, en plusieurs \u00e9tapes, a consist\u00e9 \u00e0 pr\u00e9senter une centaine d\u2019images de personnes (c\u00e9l\u00e9brit\u00e9s ou membres de la famille du patient) ou d’animaux puis de lieux connus, comme la tour Eiffel ou la Maison Blanche. Il a alors \u00e9t\u00e9 possible de rep\u00e9rer des neurones individuels qui s\u2019activent sp\u00e9cifiquement \u00e0 la vue d\u2019une des personnes et rien d\u2019autre. Puis les sujets ont vu des montages juxtaposant une personne et un lieu. Ils devaient alors m\u00e9moriser cette association. Une fois l’apprentissage termin\u00e9, seules les images de lieux \u00e9taient pr\u00e9sent\u00e9es. R\u00e9sultat : l\u2019image de la tour Eiffel d\u00e9clenchait l\u2019activation de \u00ab neurones Aniston \u00bb si les deux avaient \u00e9t\u00e9 associ\u00e9es. Ces neurones, devant les autres images, demeuraient totalement inactifs.<\/p>\n Selon les auteurs, c\u2019est la premi\u00e8re fois qu\u2019un m\u00e9canisme de m\u00e9morisation est ainsi localis\u00e9 \u00e0 l’\u00e9chelle des neurones individuels. Rodrigo Quian Quiroga souligne que cet apprentissage est imm\u00e9diat : il suffisait aux sujets de visionner une fois le montage de deux images pour que l\u2019association soit m\u00e9moris\u00e9e. Et c\u2019est bien ainsi, poursuit-il, que nous fonctionnons tous les jours (les anglophones pourront visionner cette vid\u00e9o intitul\u00e9e The Jennifer Aniston Neuron & Forming Memories<\/a><\/em>). Mieux, les chercheurs ont vu, en quelque sorte en direct, le neurone Aniston s\u2019activer au moment m\u00eame o\u00f9 \u00e9tait pr\u00e9sent\u00e9 le montage la montrant pr\u00e8s de la tour Eiffel. C\u2019est donc la m\u00e9morisation elle-m\u00eame qui a \u00e9t\u00e9 rep\u00e9r\u00e9e.<\/p>\n Le processus d\u00e9tect\u00e9 ici est celui de la m\u00e9moire \u00e9pisodique, celle qui nous permet de garder le souvenir d\u2019un \u00e9v\u00e9nement dans son contexte. Cette d\u00e9couverte \u00ab fournit un m\u00e9canisme plausible li\u00e9 \u00e0 la cr\u00e9ation de nouveaux souvenirs \u00bb,<\/em> explique Matias Ison dans le communiqu\u00e9 de l\u2019universit\u00e9 de Leicester. L’ensemble des ph\u00e9nom\u00e8nes reste encore myst\u00e9rieux mais ce tra\u00e7age de la m\u00e9morisation jusqu\u2019au niveau cellulaire pourrait donner des cl\u00e9s bien utiles pour comprendre cette fonction encore tr\u00e8s mal connue et peut-\u00eatre pour mieux lutter contre des maladies neurologiques.<\/p>\nUn neurone modifie son activation quand se forme un nouveau souvenir<\/h2>\n