Pourquoi Solar Impulse a-t-il besoin d'une météo parfaite pour voler ?

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Pourquoi Solar Impulse a-t-il besoin d'une météo parfaite pour voler ?

Il était parti pour 5000 kilomètres de survol du Pacifique, il a dû s’arrêter avant l’heure à cause de perturbations atmosphériques. Mais pourquoi Solar Impulse, le premier avion 100 % solaire, est-il si sensible à la météo ?

Après des semaines de patience, Solar Impulse avait finalement entrepris sa septième étape, la plus cruciale de son tour du monde : la grande traversée du Pacifique. Samedi, il avait décollé de l’aéroport chinois de Nanjing à 18:30 heure universelle (soit avant l’aube de dimanche matin, heure locale), dans un ciel dégagé et sans vent.

Cette étape était censée durer 5 jours et 5 nuits et se terminer, 5000 km plus loin, à Hawaï. Autant dire qu’elle représentait le plus grand défi à relever pour l’avion solaire et son pilote, André Borschberg, qui a relayé Bertrand Piccard aux commandes de SI2 (la deuxième version de l’avion) depuis le 9 mars dernier.

Seulement, l’équipe en charge de la surveillance météorologique, au centre de contrôle basé à Monaco, a alerté, hier soir, sur la détérioration des conditions atmosphériques. Un front froid (frontière entre beau et mauvais temps) se présentant dans le ciel au-delà du Japon, il a été décidé de ne pas prendre de risque pour l’avion et pour le pilote : la trajectoire a été déviée sur Nagoya, au Japon. Cette étape ainsi écourtée, la traversée du Pacifique sera découpée en deux.

Le vent, le frein principal du vol de Solar Impulse

Qu’est-ce qui explique cette extrême précaution ? C’est que le bon déroulement du vol dépend d’un important facteur : la force du vent. Aussi bien pour le décollage et l’atterrissage qu’en croisière, l’immense silhouette de Solar Impulse, si légère (72 mètres d’envergure pour 2,3 tonnes seulement), est intolérante à la moindre turbulence, du fait d’un aérodynamisme particulier. De plus, sa structure quelque peu rigide empêche à ses ailes de s’incliner de plus de 5°, car elles sont conçues pour maximiser l’exposition au soleil. Ce qui empêche de le manœuvrer comme un avion normal.

Résultat : un vent soufflant à plus de 2 mètres/seconde est susceptible de détruire l’élégant engin ! Sans parler des tempêtes et des éclairs.

De plus, bien que de jour, l’énergie captée par les 17 000 cellules solaires tapissant ses ailes lui permette de s’élever jusqu’à 8500 mètres d’altitude, où les turbulences sont pratiquement inexistantes, la nuit, il n’est alimenté que par ses batteries (développant 4 kilowatts de puissance). Il doit ainsi ralentir et descendre à environ 1000 mètres. Maintenir constamment cette altitude lui permet de limiter la dépense énergétique. Sauf que, plus proche de la surface de la terre, les perturbations atmosphériques peuvent être importantes.

Or, pour passer le front froid après le Japon, l’avion aurait dû descendre à travers 2000 à 3000 pieds (1000 mètres environ) de couches de nuages stratocumulus, de nuit. Une épreuve trop risquée, d’après les concepteurs de l’engin.

Il n’empêche, pour l’équipe de Solar Impulse, l’étape qui vient de se conclure représente déjà un beau succès : plus de 40 heures en vol auront été enregistrées par André Borschberg, sans pressurisation et sans chauffage, alors que les étapes précédentes se limitaient à un jour et une nuit chacune.

Fiorenza Gracci – Science & Vie

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