Vaccin universel contre la grippe: un prototype enchaîne les tests avec succès

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Vaccin universel contre la grippe: un prototype enchaîne les tests avec succès

S’il réussit à passer toutes les essais, ce vaccin pourrait permettre de se protéger contre toutes les différentes formes de grippe. Et donc d’éliminer les injections annuelles.

Un seul vaccin pour les combattre toutes. Une entreprise britannique mène en ce moment des essais cliniques avec ce qui pourrait devenir le premier vaccin universel contre la grippe. Elle vient de lever 22,6 millions d’euros.

De quoi poursuivre ses recherches pour développer ce vaccin, considéré comme l’un des Graals de la médecine: il permettrait de se passer des injections annuelles -pas toujours efficaces- et d’améliorer la santé publique mondiale, souligne Reuters.

Des mutations permanentes et des souches multiples

Cette année, la grippe est particulièrement virulente. En cause, un virus puissant et un vaccin en partie inefficace, qui ne protégerait que très partiellement les personnes vaccinées contre la grippe, comme le redoutait une étude publiée le 6 novembre dans la revue Pnas.

Les vaccins sont en effet parfois peu efficaces, parce que le virus de la grippe mute en permanence et que plusieurs souches différentes sont actives en même temps. Les épidémiologistes ont beau se coordonner mondialement via l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour identifier les souches les plus répandues et produire le vaccin adéquat contre elles, ce n’est pas toujours suffisant. Le virus mute si rapidement qu’il peut le faire pendant la phase de conception du vaccin -elle dure parfois plusieurs mois.

C’est la raison pour laquelle les chercheurs tentent de découvrir un vaccin “universel”, qui permettrait de vacciner contre toutes les souches de la grippe, en une seule fois, et pour de nombreuses années.

Bonne nouvelle donc, Vaccitech, une société privée liée à l’Université d’Oxford, développe un vaccin très prometteur, baptisé MVA-NP+M1.

Un vaccin universel d’ici cinq à sept ans?

Le 3 octobre dernier, Vaccitech avait annoncé le lancement de la phase deux de ses essais cliniques. Entre temps, elle a affirmé que l’innocuité du vaccin a été testée avec succès sur 145 participants. La prochaine étape -pour lequel le recrutement est en cours– consiste à déterminer si leur vaccin protège efficacement l’être humain contre la grippe. Pour l’instant, 862 participants âgés de 65 ans participent à cette phase, qui doit durer jusqu’en octobre 2019.

Preuve de l’intérêt porté à ces travaux prometteurs, plusieurs entreprises -dont GV, le fonds d’investissement d’Alphabet Inc.(maison mère de Google)- viennent d’investir 22,6 millions d’euros dans cette société. De quoi permettre à Vaccitech d’étendre ses actuels tests à plus de 2000 patients, sur les deux années à venir.

Tous les participants recevront une injection de vaccin “classique” de la grippe, plus une autre injection soit d’un vaccin placebo, soit du nouveau vaccin MVA-NP+M1. Si les participants qui ont reçu le vaccin “universel” sont mieux protégés de la grippe que les autres, alors la phase deux sera une réussite et les chercheurs pourront passer à la phase trois. Si cette dernière se déroule aussi bien, un vaccin “universel” pourrait arriver sur le marché d’ici cinq à sept ans, assure Tom Evans, le PDG de Vaccitech, à Reuters.

Difficile de viser juste

Mais pourquoi ce vaccin universel est si difficile à fabriquer? Pour le comprendre, il faut regarder le virus de la grippe au microscope. Comme l’image ci-dessous l’illustre, il ressemble essentiellement à une boule pointue. Les pics en bleu et rouge représentent deux types de protéines, l’hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N), qui permettent au virus d’envahir les cellules et de provoquer l’infection en s’y multipliant, rappelle Science Alert.

Les vaccins habituels reconnaissent la “tête” de ces protéines. Le problème, c’est que ce sont ces parties qui mutent le plus souvent, ce qui force les scientifiques à concevoir sans cesse de nouveaux vaccins. De nombreux scientifiques cherchent donc à créer un vaccin capable d’identifier les protéines qui se trouvent dans le noyau du virus (en vert), bien plus stables. Ces protéines mutent bien plus rarement. Attaquer au coeur: c’est la mission du MVA-NP+M1 de Vaccitech. Il a aussi pour objectif de stimuler les lymphocytes T (un type de globule blanc) plutôt que les anticorps.

Les gros laboratoires ne sont pas encore convaincus

Cette approche doit encore faire ses preuves, pour convaincre les gros laboratoires, comme Sanofi, GlaxoSmithKline ou CSL’s Seqirus. Parce que, même si les mutations des protéines “intérieures” sont rares, elles arrivent, comme le soulignent des chercheurs, dans une étude publiée en novembre dernier dans Scientific Reports, rappelle le HuffPo.

Le PDG de Vaccitech,Tom Evans, lui, se montre confiant. “Si nous arrivons à prouver que nous pouvons influencer le taux d’hospitalisation et [d’incubation de] la maladie, il n’y a aucun doute que nous trouverons un partenaire pour nous soutenir” dans la phase trois des essais cliniques.

Et il a de bonnes raisons d’espérer. Après tout, MVA-NP+M1 est le premier “vaccin universel” au monde qui arrive à dépasser la première phase des essais cliniques.

L’Express

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