L'intelligence artificielle dépasse-t-elle la nôtre?

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Les robots ne se bornent pas à exécuter des tâches mécaniques comme l’assemblage des machines. Désormais, ils s’emparent de véritables métiers intellectuels, où ils excellent grâce à leur puissance de calcul et à leur mémoire ultrapuissantes.

Ils ont désormais des professions. Chroniqueur, peintre, consultant, assistant, psychologue, médecin… Et des noms, aussi : Ellie, Watson, Marlow… Certains ont une voix, d’autres une apparence, un humour ou un caractère qui ressemble au nôtre. Mais la comparaison s’arrête là.

Car ils possèdent aussi des connaissances colossales, une capacité de calcul démesurée et hyperrapide, sans oublier un sens de l’observation hors du commun. “Ils”, ce sont les robots de dernière génération. Mais ne vous attendez pas à de superandroïdes tentant d’imiter nos comportements : ici, la ressemblance, purement virtuelle, passe par des avatars visibles sur un écran.

C’est que l’important est ailleurs : dans le secret d’algorithmes et de fonctions mathématiques rendant possibles des tâches non plus mécaniques et répétitives, mais d’expertise. En un mot : des tâches “intellectuelles”. Et c’est peu dire qu’en la matière, ils sont doués : non seulement ces machines surclassent dans certains domaines les aptitudes humaines, mais elles commencent à investir des champs professionnels aussi exigeants que la médecine, la finance, l’industrie de pointe et même l’art.

Des supercalculateurs hypercompétents

Leur force ? D’incroyables capacités d’analyse qui leur permettent de trouver des solutions fiables plus rapidement que les humains. Qui plus est, ces supercalculateurs sont dotés de sens très aiguisés (surtout la vue) et, à l’écran, certains prennent si bien figure humaine que l’on peut oublier qu’il s’agit de machines. A la clé : le sentiment que, derrière les pixels, se trouve quelqu’un d’hypercompétent.

Le cas d’Ellie est, à cet égard, édifiant. Car Ellie est une psychologue virtuelle, née en 2013 à l’Institut des technologies créatives de l’université de Californie du Sud (Etats-Unis). Elle possède une caméra électronique et un “cerveau” informatique qui lui permettent de saisir les plus infimes intonations ou mimiques d’un patient afin de diagnostiquer le type de troubles dont il souffre et, ainsi, proposer un traitement adapté. Depuis trois ans, Ellie reçoit en consultation, entre autres, des soldats américains en dépression, sous l’égide de véritables psychologues qui vérifient ses diagnostics et affinent ses résultats – mais pour combien de temps encore ?

Watson, lui, est le superanalyste d’IBM.

Le maître des big data. Soumettez-lui n’importe quel problème : il croise toutes les données disponibles sur le sujet, ce qui lui permet de faire des rapprochements extrêmement fins et de tirer à toute vitesse des conclusions pertinentes. Le plus grand exploit de Watson ? Il a sauvé une vie !

Plus fort que le Dr House !

Cela s’est passé en janvier 2015, à Tokyo. Les médecins ne parvenaient pas à diagnostiquer le mal d’une patiente de 60 ans. Ils ont appelé Watson à la rescousse, en le gavant de données médicales : plus de 25 000 résultats cliniques, 1,5 million de dossiers de patients et 2 millions d’articles scientifiques, que le supercalculateur a croisés avec le profil de la patiente. Et, miracle ! En dix minutes, Watson s’est transformé en une sorte de Dr House : il a établi qu’elle souffrait d’une maladie rare de la moelle osseuse, ce que nul n’avait envisagé. La patiente a reçu un traitement approprié et son état s’est amélioré !

Avec un tel exploit, le supercalculateur pourrait bien révolutionner la médecine. Et pas seulement : “Watson est au premier rang d’une nouvelle ère de l’informatique, qui va transformer l’économie et la société”, estime Eric Brown, directeur de Watson Technologies. Une ère où les capacités des robots à percevoir, à apprendre et à maîtriser le langage sont enfin rassemblées au cœur de processeurs suffisamment puissants pour les faire travailler de concert et interagir avec l’homme de manière approfondie.

Des robots journalistes ont déjà débarqué

D’autres robots exercent leurs talents dans des domaines plus inattendus. Notamment la presse. Ainsi, depuis 2012, Marlow livre aux internautes sa chronique quotidienne sur son blog. Chaque jour, il analyse la presse, décortique les articles à l’aide de ses algorithmes pour livrer son “regard” sur l’actualité. Et ça marche : humour, critique, voire sarcasmes ponctuent ses publications. Sauf que Marlow emprunte à ses concepteurs leur ton et leurs textes de référence.

Aussi intelligents soient-ils, ces robots nouvelle génération ont pour le moment encore besoin de l’homme pour leur donner vie et leur permettre de “réfléchir”. Mais, déjà, ils sont bien plus que de simples assistants : ils étendent les capacités de l’homme bien au-delà de ses possibilités naturelles.

Gabriel Siméon – Science & Vie

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