La neuro-imagerie confirme l’impact de la pauvreté sur le cortex

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La neuro-imagerie confirme l’impact de la pauvreté sur le cortex

La pédiatre américaine Kim Noble va étudier l’impact d’une aide financière apportée aux familles en difficulté sur le développement cérébral des nouveau-nés.

Kim Noble, pédiatre de formation, dirige le Neurocognitive Early Experience and Development Lab (NEED Lab) à l’université Columbia de New York, un laboratoire de recherche qui étudie l’influence des expériences précoces sur les apprentissages et la croissance des enfants.

Que sait-on aujourd’hui de l’impact de la précarité sur le cerveau des enfants ?

Plusieurs études ont montré que de la petite enfance à l’adolescence,il existe des disparités ­socio-économiques dans le développement du langage, des capacités de mémorisation et d’auto­contrôle. Point important, aucun effet de ces disparités socio-économiques sur le cerveau n’a été constaté à la naissance. C’est cohérent avec l’hypothèse que ce sont les expériences post-natales qui comptent, même si nous n’en avons pas de preuve formelle.

Récemment, des travaux en neuro-imagerie, dont ceux de ­notre équipe, ont permis de confirmer que l’impact des conditions socio-économiques est perceptible au niveau structurel, précisément dans les régions cérébrales qui supportent le langage, la mémoire et l’autocontrôle. La surface et l’épaisseur du cortex de ces zones sont significativement réduites chez les enfants vivant dans des familles en situation de précarité.

De nombreux paramètres peuvent être impliqués dans les liens entre pauvreté et développement cérébral, et des études sont en cours pour déterminer leur poids respectif. Notre laboratoire s’intéresse en particulier à deux facteurs dont le rôle paraît majeur : la qualité et la quantité d’exposition au langage ; et le stress, physiologique ou ressenti.

Vous allez débuter une étude inédite pour évaluer si ces troubles du développement cérébral peuvent être prévenus par une aide financière apportée aux ­familles en difficulté. Comment allez-vous procéder en pratique ?

Nous prévoyons de recruter 1 000 mères à faible revenu, au ­moment de leur accouchement, sur plusieurs sites à travers les Etats-Unis. Après un tirage au sort, la moitié d’entre elles recevront un complément confortable (333 dollars mensuels, soit 283 euros), l’autre moitié un montant symbolique (20 dollars mensuels, soit 19 euros). Nous suivrons leurs ­enfants durant les trois premières années de leur vie, période où le cerveau en développement est particulièrement sensible aux différences d’expériences. Le postulat de départ est simple, mais c’est une étude ambitieuse, sans précédent. Le coût total du projet est évalué…

Sandrine Cabut – lemonde.fr

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